Un silence brutal


Ron Rash
Traduit de l’anglais (États-Unis) par Isabelle Reinharez




4e de couverture :
Dans ce coin des Appalaches, entre rivière et montagnes, que l’œuvre de Ron Rash explore inlassablement depuis Un pied au paradis, un monde s’efface devant un autre : à l’enracinement des anciens à leur terre succède la frénésie de profit des entrepreneurs modernes.
Le shérif Les, à trois semaines de la retraite, et Becky, poétesse obsédée par la protection de la nature, incarne le premier. Chacun à sa manière va tenter de protéger Gerald, irréductible vieillard, contre les accusations de Tucker, propriétaire d’un relais pour riches citadins curieux de découvrir la pêche en milieu sauvage. Dans leur esprit, Gerald est incapable d’avoir versé du kérosène dans l’eau, provoquant la mort des truites qu’il aime tant. Mais alors, qui est le coupable ?
La voix de Becky incarne la poésie infinie de la prose de Ron Rash, dont la colère s’exprime dans la description des ravages de la meth, fléau des régions frappées par le chômage et délaissées par les pouvoirs publics.


L’auteur :
Ron Rash est né à Chester, en Caroline du Sud, le 25 septembre 1953. Il grandit à Boiling Spring et poursuit des études de littératures anglaises à l’université de Clemson où il obtient son doctorat. Poète, nouvelliste et romancier, il est lauréat de divers prix littéraire aux États-Unis, et reçoit le Grand Prix de Littérature policière en France pour Une terre d’ombre, roman paru chez Seuil en 2014.
Serena, son quatrième roman policier paraît en 2008 chez lui et est traduit en 2011 en France. Il est transposé au cinéma par Susanne Bier en 2014 sous le même titre (Serena). En 2015, c’est David Burris qui adapte Le monde à l’endroit, paru en 2012 (2006 pour la version américaine) sous le titre anglais éponyme (The world made straight).
Si seuls ses romans policiers ont fait l’objet d’une traduction français, Ron Rash a fait paraître six recueils de nouvelles et quatre de poésies.
Ron Rash vit actuellement à Asheville, en Caroline du Nord.


Mon avis :
Ce roman de Ron Rash est dans la lignée des auteurs « naturaliste » comme William G. Tapply, dont j’avais chroniqué l’un des titres (Dérive sanglante) il y a peu. Comme les peintres du mouvement artistique du même nom, ces auteurs magnifient le lieu où se déroule l’action, et si cette dernière n’est pas oubliée, l’endroit et les gens qui y vivent sont au centre du tableau. Ron Rash y ajoute, à travers la voix de l’un de ces personnages, une touche de poésie en prose ou en vers libres.
Un silence brutal est classé parmi les romans policiers. Le choix paraît logique : le personnage principal est shérif, et l’intrigue suit son enquête… Enquête qui démarre après un bon tiers du récit et reste largement au second plan derrière la peinture de la vie de cette petite communauté resserrée le long d’une rivière à truite. Ce cours d’eau et son écosystème sont en réalité l’épine dorsale de cette histoire, la ligne de partage entre le monde des anciens et celui des entrepreneurs du vingt-et-unième siècle. Plus qu’un polar, ce roman est avant tout un constat des changements qui s’opèrent et de leurs effets sur les plus âgés bien souvent dépassés par une société qu’ils ne comprennent plus.
En France, l’un des genres les plus prisés dans nos bibliothèques est le roman « régional »… Ce bouquin de Ron Rash pourrait parfaitement trouver sa place dans le même rayon, et j’engage les amateurs à se plonger dans ses pages. Ils retrouveront tout ce qui fait le suc de ce type de livre : on y parle d’une région, de sa nature et des gens qui y vivent.

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