Emma Cline
10 18. 2016.
Traduit de l’anglais (États-Unis) par Jean Esch.
4e de couverture :
Californie, fin des années 1960. Evie Boyd, quatorze ans, vit seule avec sa mère. Lorsqu’elle se dispute avec sa seule amie, Evie se tourne vers un groupe de filles dont la liberté et l’atmosphère d’abandon qui les entoure la fascinent. Séduite par l’aînée, Suzanne, elle se laisse entraîner dans une secte au leader charismatique, Russell. Leur ranch est aussi étrange que délabré, mais aux yeux de l’adolescente, il est exotique, électrique, et elle veut à tout prix s’intégrer. Son obsession pour Suzanne grandissant, Evie ne s’aperçoit pas qu’elle s’approche inéluctablement d’une violence impensable.
Mon avis :
Je l’avoue sans aucune honte, quand il s’agit d’un film ou d’une série télévisuelle, les histoires d’ados me font fuir, généralement. À priori, rien ne me poussait donc vers ce roman, mais la quatrième de couverture m’a interpellé. Et franchement, je ne le regrette pas.
Bon, OK, là aussi, on plonge dans les tourments de l’adolescence, et ce n’est pas vraiment ma tasse de thé. Sauf qu’ici, le récit est donné par deux voix : celle d’Evie, à quatorze ans, et celle de la femme qu’elle est devenue, bien des années plus tard. Et cependant, elle ne raconte pas exactement la même histoire. L’ado parle de son vécu d’ado, au moment des faits, l’adulte parle de ce que tout cela à fait d’elle.
Mais « The girls », ce n’est pas que les deux âges d’Evie. Il y a toutes les autres filles, intégrées ou non, mais toute dans l’air de leur époque, la fin des années 60 aux États-Unis. Il y a des garçons, bien sûr, eux aussi de leur temps (bien avant #metoo).
On le comprend à la lecture de la 4e de couverture, ce roman s’inspire du drame de 1969, lorsque les membres du clan Manson, poussés par leur gourou, firent plusieurs victimes, dont la femme de Roman Polanski. Mais Emma Cline ne fait pas de ce drame le noyau central de ce récit, même s’il fut un élément majeur dans la vie de la jeune Evie. L’auteur s’intéresse plutôt, de manière introspective, à la façon dont une jeune fille en quête d’elle-même, avec peu de repères parentaux, se construit à travers les épreuves, entre raison et sentiments.
C’est extrêmement bien mené, sans temps morts, avec une belle finesse d’analyse, le tout servi par une belle écriture. En bref, j’ai beaucoup aimé et je le conseille sans restriction.
The girls, sorti en 2016, était le premier roman de cette autrice née en 1989. Il a reçu le prix Shirley-Jackson. Elle a écrit depuis quatre autres romans.
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