Audur Ava Ólafsdóttir
Zulma. 2014.
Traduit de l’islandais par Catherine Eyjólfsson.
4e de couverture :
« Tu seras toujours la femme de ma vie. »
Dans le vacarme d’un réveillon de nouvel an, Maria n’entend pas ce que Flóki, son mari, lui annonce : il la quitte pour son collègue, spécialiste comme lui de la théorie du chaos.
Heureusement, dans la nuit de l’hiver polaire, Perla est là, charitable voisine d’à peine un mètre vingt, co-auteur de romans policiers et conseillère conjugale, qui surgit à tout moment de son appartement de l’entresol pour secourir fort à propos la belle délaissée…
Ni Perla la naine surdouée, ni Maria l’épouse idéale démunie devant une orientation sexuelle désormais incompatible, ni les autres acteurs de cette comédie dramatique à l’islandaise − adorables bambins, belles-familles consternées ou complices, père génétique inattendu − ne détourne le lecteur d’une alerte cocasserie de ton, d’une sorte d’enjouement tendre, de brio ininterrompu qui font de L’exception un grand roman de la déconstruction et de la reconstruction narcissique à la portée du commun des mortels.
Mon avis :
Audur Ava Ólafsdóttir (voir Rosa Candida) raconte avant tout les gens. Des gens qui ont une histoire, certes, mais c’est bien l’impalpable toile des relations humaines qui sert de fond aux romans de cette autrice islandaise.
Dans chacun de ses livres, elle nous emmène dans un monde poétique et gai, où toutes les galères ne sont que des balises colorées pour guider les personnages vers le meilleur. Et ça n’a rien à voir avec ces romans que le marketing appelle « feel good », avec leur optimisme de plastique, leur injonction à « être bien » qui clignotent comme le néon des enseignes et leurs recettes du bonheur tout juste bonnes à enfoncer des portes ouvertes. Chez Audur Ava, les acteurs de ses histoires s’interrogent, parce que les circonstances les poussent à une certaine introspection, mais ils réagissent aussi avec leur personnalité, font des erreurs, se remettent en question, doutent, et se renforcent de certitudes… Ils sont profondément vivants.
Est-ce un aspect particulier du caractère de ces insulaires nordiques qui donne à ses récits cette légèreté presque joyeuse, même quand il s’agit de sujets graves ? Il me semble que si je vivais dans un pays où les journées d’hiver ne durent qu’une poignée d’heures, je deviendrais neurasthénique et perdrais justement toute légèreté.
À moins, bien sûr, que cette espèce d’optimisme à toute épreuve n’appartienne qu’à Audur Ava Ólafsdóttir, en dehors de toute considération d’origine. Peu importe, à vrai dire ! Ce qui compte, c’est ce que cela apporte à ses romans : cette qualité d’écriture qui sait vous parler de sujet fort tout en vous donnant le sourire.
Dans L’exception, il est fait allusion à la théorie du chaos, tandis que Maria, l’héroïne, est décrite comme une femme extrêmement belle. On peut y voir une référence au couple Dionysos/Apollon cher à Nietzsche, et je me demande alors si ce roman n’est pas une illustration parfaite du « Gai Savoir »…
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