Audur
Ava Ólafsdóttir
Traduit
de l’islandais par Catherine Eyjólfsson
4e
de couverture :
Le
jeune Arnljótur va quitter la maison, son frère jumeau autiste, son
vieux père octogénaire, et les paysages crépusculaires de laves
couvertes de lichens. Sa mère a eu un accident de voiture. Mourante
dans le tas de ferraille, elle a trouvé la force de téléphoner aux
siens et de donner quelques tranquilles recommandations à son fils
qui aura écouter sans rendre compte les dernières paroles d’une
mère adorée. Un lien les unissait : le jardin et la serre où
elle cultivait une variété rare de Rosa
candida
à huit pétales. C’est là qu’Arnljótur aura
aimé Anna, une amie d’un ami, un petit bout de nuit, et l’aura
mise innocemment enceinte.
En
route pour une ancienne roseraie du continent, avec dans ses bagages
deux ou trois boutures de Rosa
candida,
Arnljótur
part
sans le savoir à la rencontre d’Anna et de sa petite fille,
là-bas, dans un autre pays, oublié du monde et gardé par un moine
cinéphile.
L’auteur :
Audur
Ava Ólafsdóttir est
née en 1958 à Reykjavik. Elle ne viendra à l’écriture que
tardivement, après une carrière de professeur d’histoire de l’art
et de directrice du musée de l’université d’Islande. Elle a
fait ses études en histoire de l’art à la Sorbonne, à
Paris.
Son
premier roman, Le
rouge vif de la rhubarbe,
paraît en 1998. Rosa
candida
est son troisième. Il est paru en 2007 et a été traduit en 2010.
Il a obtenu le Prix des libraires du Québec en 2011.
Mon
avis :
À
travers le personnage d’Arnljótur, Audur Ava Ólafsdóttir pose
un regard singulier sur le monde ; un regard à la fois candide
et comme détaché du vécu. Le jeune homme semble être le témoin
de sa propre vie et c’est assez déroutant, au premier abord. Il
est en constante analyse des événements qu’il rencontre et des
émotions qui le traversent. Cela donne un ton très particulier à
ce récit, ce qui décontenancera peut-être certains lecteurs, mais
il serait dommage de s’arrêter à cela. La plume de cette auteure
islandaise, sous l’excellente traduction de Catherine Eyjólfsson,
est vraiment très plaisante. Audur Ava Ólafsdóttir soigne
ses mots comme son personnage soigne ses roses, et cela donne un
texte empli de poésie, où se mêlent la chair et la spiritualité.
Arnljótur quitte son île de lave et de glace pour un voyage
initiatique qui l’amène à s’interroger sur la solitude (il
vient de perdre sa mère et laisse son père et son frère autiste),
sur son rapport aux autres et à son propre corps, sur ses désirs et
les véritables motivations qui l’ont poussé à entreprendre ce
voyage, et surtout sur la paternité, puisqu’il a eu une fille avec
Anna, lors d’un unique rapport « à la sauvette » dans la
serre de la maison familiale.
Plus
qu’un roman, c’est un conte métaphorique qui s’offre à notre
lecture. Les roses, en littérature, sont chargées de symbole ;
cette Rosa candida, exceptionnelle fleur à huit pétales et
dépourvue d’épines, ne déroge pas à la règle, mais je laisse
le lecteur en trouver les arcanes, car c’est bien l’intérêt des
contes, de posséder plusieurs niveaux de lecture.
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