Les lois de la frontière

 Javier Cercas

Acte Sud.

Traduit de l’espagnol par Élisabeth Beyer et Aleksandar Grujičić.









4e de couverture :






(Le point de vue des Éditeurs)




















À l’été 1978, un adolescent de la classe moyenne en délicatesse avec son milieu croise la route du charismatique Zarco et de son amie Tere et devient un habitué de leur QG, un bar interlope dans un quartier malfamé de Gérone. Bientôt ils l’entraînent de l’autre côté de la « frontière », au pays de ceux qui ne sont pas bien nés, l’initiant au frisson des braquages et au plaisir des tripots. Le garçon navigue entre les deux rives pendant tout l’été, irrésistiblement attiré par les lois de cette jungle dont il préfère continuer d’ignorer les codes, jusqu’au coup qui tourne mal.

Vingt ans plus tard, avocat établi, il assure la défense de son ancien camarade multirécidiviste et doit plaider. Pour le symbole vivant d’une rébellion salutaire, la victime expiatoire d’un système frelaté, ou les zones d’ombre de sa propre jeunesse ?

Un écrivain, chargé de raconter l’histoire, recueille au cours d’entretiens divers les souvenirs et impressions des protagonistes. Lui-même cherche la vérité inattendue et universelle du romancier : l’ambiguïté.

C’est dans cette ambiguïté qu’excelle Javier Cercas, qui démystifie ici le romantisme de la délinquance comme celui de la rédemption, la démocratie espagnole et son miroir aux alouettes, les tourments qui toujours gouvernent l’exercice de la liberté.


Mon avis :





Dans l’Espagne de l’après-franquisme, Zarco, un jeune délinquant devient, plus ou moins malgré lui, le symbole d’une jeunesse laissée pour compte et éprise de liberté. Trente ans plus tard, après sa mort, un écrivain est chargé d’en écrire un livre, mais l’histoire de Zarco est indissociable de celle de Cañas (dit le Binoclard) celui qui, le temps d’un été, fut son complice et, vingt ans après, devint son avocat.

Ce roman ne nous raconte pas la vie d’un marginal devenu figure médiatique, bien qu’il en soit le sujet de départ, mais c’est plutôt autour de celle de son ex-complice que l’auteur nous interroge sur la complexité des rapports humains, sur les raisons conscientes ou inconscientes qui nous poussent à faire tel ou tel choix. On ne trouvera dans ce livre aucun « héros », même si, dans sa première partie, la jeunesse des protagonistes les montre sous un jour teinté de romantisme. Cañas paraît être celui qui s’en sort le mieux (il est devenu avocat), mais a-t-il réellement passé une frontière sociale ? Du moins au point de s’installer dans une nouvelle « réalité » ? À seize ans, c’est avec celle de la délinquance qu’il avait flirté, à trente, c’est dans la bourgeoisie qu’il pense s’être enraciné… Comme Zarco balance entre sa personne et le personnage qu’il s’est créé, Cañas sait-il vraiment qui il est lui-même ?

Sous cette forme de relation d’entretiens, ce roman aurait pu être assez vite rébarbatif, mais on est rapidement pris par l’histoire de Cañas (qui est le véritable personnage central du livre) et, à travers lui, celle de l’Espagne après-franquiste.

Les lois de la frontière, paru en Espagne en 2012, a reçu le Prix Méditerranée étranger 2014.
























































































































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