Les larmes noires sur la terre

 

Sandrine Collette

Denoël. 2017.







4e de couverture :

Il a suffi d’une fois. Une seule mauvaise décision, partir, suivre un homme à Paris. Moe n’avait que vingt ans. Six ans après, hagarde, épuisée, avec, pour unique trésor un nourrisson qui s’accroche à la vie, elle est amenée de force dans un centre d’accueil pour déshérités, surnommé « la Casse ».

La Casse, c’est une ville de miséreux logés dans des carcasses de voitures brisées et posées sur cales, des rues entières bordées d’automobiles embouties. Chaque épave est attribuée à une personne. Pour Moe, ce sera une 306 grise. Plus de sièges arrière, deux couvertures, et voilà leur logement, à elle et au petit. Un désespoir.

Et puis, au milieu de l’effondrement de sa vie, un coup de chance, enfin : dans sa ruelle, cinq femmes s’épaulent pour affronter ensemble la noirceur du quartier. Elles vont adopter Moe et son fils. Il y a là Ada, la vieille, puissante parce qu’elle sait les secrets des herbes, Jaja la guerrière, Poule la survivante, Marie-thé la douce et Nini, celle qui veut quand même être jolie et danser.

Leur force, c’est leur cohésion, leur entraide, leur lucidité. Si une seule y croit encore, alors il leur reste à toutes une chance de s’en sortir. Mais à quel prix ?



Mon avis :

Quelques semaines auparavant, j’ai lu le dernier ouvrage de Sandrine Collette (On était des loups), alors, vous vous en doutez, si je réitère avec cet autre datant de plus de cinq ans, c’est que j’apprécie cette autrice.

Durant cette lecture, je me suis fait la réflexion suivante, à son sujet :

Sandrine Collette est publiée chez Denoël, dans la collection « Sueurs froides ». Elle a reçu (entre autres récompenses) le Grand prix de littérature policière en 2013 et le Landerneau du polar en 2016… Et nous même, en bibliothèque, la classons dans le rayon « Policier ». Mais si l’on y réfléchit bien, aucun de ses romans n’est vraiment un polar, au sens strict du terme. Pas de flic ni de détective, pas de recherche d’un coupable, et parfois même, pas de meurtre !

Reste, pour justifier ce placement, un sens du suspense qui accroche et surtout, une angoissante plongée dans les noirceurs de l’âme humaine. Et dépeindre ces tourments avec une plume aussi fine qu’affûtée, c’est sans doute l’une des grandes qualités de Sandrine Collette.

Les larmes noires sur la terre ne fait pas exception. En nous projetant dans un futur proche (peut-être déjà trop proche !), cette hallucinante descente en enfer nous interroge sur le devenir de nos sociétés, mais aussi sur ce qu’un être humain est prêt à supporter pour s’en sortir. Et dans certaines extrémités, l’espoir ne participe-t-il pas à l’aliénation de l’individu ?

Fidèle à elle-même, l’autrice explore avec rigueur les côtés les plus sombres de ses personnages, mais jamais elle ne donne l’impression de se complaire dans ces ténèbres. Au contraire, c’est parce qu’elle y apporte de la lumière que Sandrine Collette mérite d’être lue bien au-delà des seuls amateurs de romans policiers.

 


 

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