Laurence Vilaine
Gaïa. 2011.
4e de couverture :
Le vieux Mikluš se déciderait-il à parler ? Rongé par le remords d’avoir gardé le silence, il s’en remet à un journaliste venu à l’occasion des vingt ans de la chute du mur de Berlin, et raconte les siens, cette communauté rom installée sur une rive slovaque du Danube.
Dilino est le souffre-douleur de la bande, parce qu’il est différent avec son air de gadjo. Il ignore qui est cette femme qui s’occupe de lui. « La Vieille » s’appelait Chnepki et avait une voix d’ange. Elle fut brisée en plein vol un matin de 1942 et réduite au silence des années durant. Jusqu’au jour où apparut Lubko, le sculpteur de marionnettes qui jouait du violon comme un Tzigane.
À l’heure où de plus en plus de crânes rasés tapissent la ville de croix gammées, Mikluš éclaire ces existences opprimées, révèle les non-dits. Et balaie les étiquettes pour laisser surgir les visages.
Mon avis :
Le silence ne sera qu’un souvenir, à travers le récit du vieux Mikluš, nous propose un regard différend sur une communauté mal connue, celle des Roms. Et quand je dis un regard, je pèse mes mots : Mikluš lui-même, dans sa narration, se place plus en simple témoin qu’en véritable acteur de cette tranche d’histoire (même s’il y a pris une part non négligeable). Le lecteur n’est donc pas réellement plongé au sein de cette collectivité, mais il la découvre quand même de l’intérieur, en invité.
La petite histoire, celle de Chnepki ou de Lubko, traverse la grande Histoire, celle des déportations de Tziganes, de Roms, de gitans, toute aussi incontestable que celle des juifs, mais bien moins connue.
Sans doute parce qu’ils sont moins intégrés à nos sociétés sédentaires, les « gens du voyage » ne deviennent visibles que lorsqu’ils sont à nos portes. Le reste du temps, on préfère souvent oublier jusqu’à leur existence. Il est alors salutaire que Laurence Vilaine donne un petit coup de projecteur sur ces peuples dont la culture, ne serait-ce que par leur musique, ne nous est pas complètement étrangère. Et comme elle le fait avec un talent avéré et une plume délicate et sensible, la lecture n’en est que plus plaisante. Et sans n’être jamais didactique, elle nous apprend (ou rappelle) quelques « détails de l’Histoire » qu’il serait bon de ne pas oublier. Surtout en ces temps où la bête immonde relève le dos un peu partout dans le monde !
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