Olivier Bourdeaut
Finitude. 2011.
4e de couverture :
« Ma mère s’emmerdait, elle m’a transformée en poupée. Elle a joué avec sa poupée pendant quelques années et la poupée en a eu assez. Elle s’est vengée. »
Mon avis :
Le premier roman d’Olivier Bourdeaut, En attendant Bojangles (janvier 2016), a été un succès critique et commercial… Il a été adapté au cinéma en 2021. C’est au moment de la sortie du film que je l’ai lu, et j’y ai pris un grand plaisir, pour ne pas dire que j’ai été emballé.
Avec Florida, je n’ai pas retrouvé les mêmes sensations, malgré quelques points communs entre les deux…
Si l’on s’en réfère à ces deux ouvrages, on peut penser qu’Olivier Bourdeaut aime les personnages « border line », les fous, les demi-fous, les fantasques, les farfelus. Mais, autant dans « Bojangles », cette folie nous entraîne dans un tourbillon d’émotions (on passe du rire aux larmes) qui nous fait l’effet d’un grand bol d’air vivifiant, autant Florida manque de souffle. La folie sans le grain n’est qu’une maladie qu’on n’a pas envie de fréquenter.
Néanmoins, le thème est intéressant : les concours de mini-miss et leur implication psychologique sur les fillettes qui y participent. Ou plutôt, sur une de ces fillettes (la narratrice) dont on suit la lente autodestruction le temps d’une adolescence à peine achevée. Malheureusement, cette histoire racontée à la première personne ne propose qu’un seul angle de vue, sans que le lecteur puisse prendre un peu de recul. Il n’y a pas de réelle analyse du phénomène, sinon le ressenti de la jeune fille, mais l’effet est finalement assez pesant. La même histoire à la troisième personne aurait peut-être permis d’apporter une respiration dans le récit. Malgré l’apparente intelligence de cette fillette victime des rêves de gloire de sa mère, on a du mal à ressentir la moindre empathie pour elle, et on la regarde sombrer avec pour seul sentiment un certain ennui.
Cependant, j’ai la sensation que ce roman (que je ne pousserai personne à lire) pourrait faire un bon film. La caméra apporterait justement cet œil extérieur qui manque cruellement dans ces lignes. Je l’ai dit, le thème est intéressant et cette tranche de vie de la narratrice a tout ce qu’il faut pour en faire une bonne histoire. Y a-t-il un réalisateur pour y apporter ce grain qui manque ?
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