Terry Pratchett
L’Atalante. 2012.
Traduit de l’anglais par Patrick Couton.
4e de couverture :
Blousé, Vimaire. Dame Sybil, son épouse aimante, lui impose quinze jours de congés à la campagne dans le manoir familial. La vie de hobereau, rien de folichon pour le commissaire divisionnaire du Guet d’Ankh-Morpork, non plus que la déférence servile qu’on lui témoigne, à lui qui tient pour article de foi que les hommes sont tous les mêmes le pantalon baissé.
La tradition le veut, le flic en vacances n’a pas ouvert sa valise que le premier cadavre lui saute à la figure. Mais ce n’est pas un meurtre ordinaire qui attend Vimaire, c’est un crime contre l’existence et la dignité d’une espèce entière.
Qu’importe s’il est hors de sa juridiction, si les repères lui manquent dans le monde rural et si l’on s’acharne à le mener en bateau, la justice doit passer.
Mon avis :
Coup de tabac est le 34e livre des « Annales du Disque-Monde », qui comprend 41 volumes et un certain nombre d’ouvrages hors-série, écrits entre 1983 et 2015 (année du décès de l’auteur). C’est vous dire que parler du monde imaginé par Terry Pratchett mériterait non pas une courte chronique, mais un livre entier, tellement il est vaste et diversifié. Pour exemple, je vous renvoie à ma chronique du 23 novembre 2016 à propos d’un autre livre de cette série : Accrocs du Roc.
Ce qui ne m’empêche pas de vous en dire quelques mots ici.
L’univers littéraire des « Annales du Disque-Monde » fait partie du genre que l’on appelle « Fantasy ». On y trouve, comme il se doit, des Trolls, des Nains, des Orques, des Gobelins, quelques Gnomes et bien sûr des Humains. Parmi ces derniers, il y a évidemment toutes les professions réelles ou imaginaires composant une société, dont des guerriers, des gendarmes et des voleurs, des sorciers, des sorcières et autres magiciens ou magiciennes de toute obédience (et j’en oublie sûrement). La mort y est aussi un personnage bien vivant, si je peux m’exprimer ainsi. On y croisera aussi toute sorte d’animaux connus ou pas, dont les dragons ne sont qu’une espèce parmi d’autres.
Je sais ! Cette description fera sans doute faire la grimace à ceux qui préfèrent éviter de s’aventurer hors des sentiers bien battus du monde tel qu’on le fréquente au quotidien… Mais ne vous y trompez pas : les livres de Terry Pratchett ne sont pas des contes pour enfants. On est loin de l’école des sorciers de J.K. Rowling et tout aussi éloigné des aventures un peu manichéennes des hobbits de J.R.R. Tolkien.
Celui qui lirait l’ensemble de l’œuvre du Disque-Monde dans l’ordre de parution constaterait que les thèmes abordés y sont non seulement bien ancrés dans la réalité, mais également bien dans l’air du temps, et qu’ils suivent et parfois précèdent l’évolution de la société.
Tout au long des différents opus de cette série, l’auteur nous parle de la mort, de l’égalité des sexes, de la société de consommation, des religions, de la philosophie, de l’adolescence, et si ces thèmes vous paraissent trop « prise de tête », il aborde aussi Hollywood et le cinéma, Shakespeare et le théâtre, Faust et l’enfer de Dante, tout comme la musique rock (Accrocs du roc), les romans policiers où Noël et les histoires pour enfants. La liste n’est pas exhaustive.
Dans Coup de tabac, on retrouvera quelques-uns de ces thèmes (dont les livres pour enfants), mais le cœur de ce roman est une enquête policière autour de l’esclavagisme et de la contrebande. Le tout vous est servi dans une langue très moderne et un esprit délicieusement fin. La Fontaine, en son temps, faisait parler les animaux pour dénoncer les travers de ses contemporains, Pratchett utilise des personnages tirés des légendes celtiques, scandinaves ou d’autres folklores, mais la démarche est la même : à travers des êtres imaginaires, faire passer avec humour une sévère critique de la société.
Je disais un peu plus haut que les romans du Disque-Monde n’étaient pas des contes pour enfants… Certes ! Mais lire Terry Pratchett, c’est aussi, d’une certaine façon, retrouver son âme d’enfant, et rien que pour cela, je ne saurais trop vous en conseiller de vous plonger dans son univers fantastique. Mais en y entrant, vous y trouverez vous-même plein d’autres raisons.
Terry Pratchett a reçu de nombreuses récompenses littéraires en Angleterre et a été anobli le 31 décembre 2008 par la Reine au rang de Knight Bachelor. À cette occasion, il aurait déclaré « N’importe quel auteur de fantasy a envie de devenir chevalier. Vous savez, je suis à deux doigts de m’acheter un cheval et une épée. »
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire