Confiteor

 

Jaume Cabré

Actes Sud. 2011.

Traduit du catalan par Edmond Raillard.







4e de couverture :

Barcelone années cinquante, le jeune Adrià grandit dans un vaste appartement ombreux, entre un père qui veut faire de lui un humaniste polyglotte et une mère qui le destine à une carrière de violoniste virtuose. Brillant, solitaire et docile, le garçon essaie de satisfaire au mieux les ambitions démesurées dont il est dépositaire, jusqu’au jour où il entrevoit la provenance douteuse de la fortune familiale, issue d’un magasin d’antiquités extorquées sans vergogne. Un demi siècle plus tard, juste avant que sa mémoire ne l’abandonne, Adrià tente de mettre en forme l’histoire familiale dont un violon d’exception, une médaille et un linge de table souillé constituent les tragiques emblèmes. De fait, la révélation progressive ressaisit la funeste histoire européenne et plonge ses racines aux sources du mal. De l’inquisition à la dictature espagnole et à l’Allemagne nazie, d’Anvers à la cité du Vatican, vies et destins se répondent pour converger vers Auschwitz-Birkenau, épicentre de l’abjection totale.

Confiteor défie les lois de la narration pour ordonner un chaos magistral et emplir de musique une cathédrale profane. Sara, la femme tant aimée, est la destinataire de cet immense récit relayé par Bernat, l’ami envié et envieux dont la présence éclaire jusqu’à l’instant où s’anéantit toute conscience. Alors le lecteur peut embrasser l’itinéraire d’un enfant sans amour, puis l’affliction d’un adulte sans dieu, aux prises avec le Mal souverain qui, à travers les siècles, dépose en chacun la possibilité de l’inhumain − à quoi répond ici la soif de beauté, de connaissance et de pardon, seuls viatiques, peut-être, pour récuser si peu que ce soit l’enfer sur terre.



Mon avis :

En lisant les vingt ou trente premières pages de ce roman, je me suis demandé ce que j’avais entre les mains. Le système narratif était des plus étranges, mais je me doutais bien qu’aucun éditeur n’aurait accepté de publier un ouvrage réellement sans queue ni tête… Seulement, ce n’est pas facile à suivre, un auteur qui passe de la première à la troisième personne, allant jusqu’à changer de personnage, le tout dans le même paragraphe, voire dans la même phrase !

Dans le même temps, je sentais bien qu’il y avait de la profondeur, derrière ces mots, alors je me suis accroché. Huit-cent pages ! C’est un sacré marathon ! L’Everest, même : long et difficile, mais la route en vaut la peine.

Tout aussi déroutant qu’il soit, ce roman est complètement addictif, tant par ses qualités d’écritures que par l’histoire qu’il nous propose. Ou devrais-je dire « les histoires », la petite rejoignant la grande… L’histoire d’un violon, celle d’un enfant surdoué qui devient un homme fort peu doué pour les relations sociales… L’histoire de la pensée à travers les âges…

En bref, un livre dense, riche, mais peut-être pas à la portée de tous, tant son mode narratif est loin des routes bien balisées de la littérature « tout public ». Mais si l’aventure vous tente, n’hésitez pas ! Vous trouverez entre ces pages une fortune d’érudition et une source de réflexion intarissable.





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