Marie-Sabine
Roger
4e
de couverture :
« Dans
les maternités, d’après moi, il n’y a que des princesses et des
princes charmants, dans les petits berceaux en plastique. Pas un seul
nouveau-né qui soit découragé, déçu, triste ou blasé. Pas un
seul qui arrive en se disant : plus tard, je bosserai en usine
pour un salaire de misère.
J’aurai
une vie de chiotte et ce sera super.
Tra-la-lère. »
L’auteur :
Marie-Sabine
Roger
est née en 1957, à Bordeaux. Elle
vit désormais en Charente.
Écrivaine
de langue française, elle a reçu plusieurs distinctions, dont le
Prix des Lecteurs de l’Express, en 2012.
Elle commence à écrire très tôt, alors qu’elle est en classe de
4ème,
au collège. Ces premières publications, vers la fin des années 80,
sont des albums illustrés pour les enfants. Est-ce cela qui la
pousse à travailler comme
enseignante maternelle ? Elle seule peut y répondre. Elle
consacrera dix années à ce métier, tout en continuant d’écrire
pour les plus petits,
puis des romans « jeunesse ». Ce
n’est qu’à partir de 2002 qu’elle intéresse aussi aux
adultes, bien qu’elle avoue n’être pas très à l’aise avec
cette frontière qu’on demande aux auteurs de tracer entre
littérature « jeunesse » et « adulte ».
Aujourd’hui,
elle a plus d’une centaine de livres à son actif, tous genres
confondus, mais c’est en 2008, avec La
tête en friche,
adaptée au cinéma par Jean
Becker,
avec Gérard Depardieu dans le rôle principal, qu’elle accédera à
la notoriété. Quatre
ans plus tard, Becker
mettra en image un autre de ses romans : Bon
rétablissement.
Vivement
l’avenir
est sorti en 2010, aux Éditions du Rouergue. Il a reçu le Prix
Marguerite-Audoux la même année.
Mon
avis :
Si
vos goûts littéraires vous emmènent généralement vers des œuvres
au langage plutôt châtié, la lecture de la quatrième de
couverture pourrait vous faire reposer ce roman sans aller plus loin…
Ce
serait dommage !
Marie-Sabine
Roger a
écrit ce livre
à la première personne, alors forcément, son langage est celui de
ses personnages, et
s’ils ne s’expriment pas toujours selon les règles de la
bienséance, l’auteur sait mettre dans leur bouche des mots qui
font sens. Derrière ce
parler de tous les jours se cache une histoire forte, écrite sans
concession, mais également sans parti pris ni voyeurisme. C’est
juste, c’est vrai, ça nous
capte immédiatement.
« La
solitude, la différence, l’exclusion sous toutes ses formes sont
parmi les thèmes que j’essaie d’aborder… »,
se confit-elle à la Maison des Écrivains et de la Littérature.
Et
c’est bien de ça dont il s’agit, dans ce livre réjouissant dont
les protagonistes, dans leur singulière normalité comme dans leur
ordinaire marginalité, sont avant tout terriblement humains.
Autant
par sa verve optimiste que par son humour sensible et fin, la lecture
de Vivement l’avenir m’a évoqué une autre romancière à
la plume libre : Christiane
Rochefort. (Coïncidence ? Avant d’être connue,
Christiane Rochefort a publié sous le pseudonyme de Benoît
Becker…)
Comme
son aînée, Marie-Sabine Roger sait reconnaître la noirceur
chez les êtres, mais elle n’oublie jamais de nous montrer le côté
lumineux. Sans jamais céder à la facilité pleine de clichés des
romans « fell-good », ni à leur gentillesse un peu
gnangnan, elle nous propose une histoire hors des sentiers battus
dont le style réjouit les yeux et le fond apaise l’esprit. On en
ressort avec un sentiment de bien-être qui nous redonnerait presque
la foi en l’humanité…
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