Zizi Cabane

 

Bérengère Cournut

Le Tripode. 2022.







4e de couverture :

Odile a disparu, laissant derrière elle son mari Ferment et leurs trois enfants : Béguin, Chiffon et le jeune Zizi Cabane. Tante Jeanne arrive à la rescousse, Marcel Tremble surgit de nulle part. Chacun doit s’inventer une nouvelle vie, mais rien ne se passe comme prévu dans la grande maison. D’étranges phénomènes se produisent, des chagrins roulent sur des pentes inattendues…

Après De pierre et d’os, Bérangère Cournut signe avec Zizi Cabane un cinquième roman intime et lumineux, une épopée familiale où se reforment la beauté des fables, le force des mythes.



Mon avis :

Les éditions Le Tripode précisent, en page de garde :

Littératures ▪ Arts ▪ Ovnis

Ou plutôt, devrait-on dire « OLNI » : Objet Littéraire Non Identifié. Car c’est un peu de ça dont il s’agit, avec ce roman de Bérangère Cournut. Bien sûr, on me rétorquera qu’on a vu beaucoup plus bizarre, en création « littéro-artistique », et certainement, on n’aura pas tort. Mais il n’en reste pas moins que Zizi Cabane fait partie des inclassables, tant il mélange les genres.

Passant de la réalité à un monde onirique, utilisant la poésie pour nous faire frôler le fantastique, ce roman nous décrit, sur un mode tragi-comique, la manière dont chaque membre d’une famille se reconstruit après la disparition d’un des deux piliers : Odile, l’épouse de Ferment, mère des trois enfants.

Dire que l’autrice use de métaphores serait annoncé une évidence ; cela saute aux yeux dès les premières pages, mais au-delà de cette apparence, je vois plus une sorte de licence poétique s’étendant à l’image tout entière plutôt qu’aux mots. Dans la maison d’où Odile a disparu, les murs semblent être devenus poreux, tout comme Bérangère Cournut a rendu perméables les cloisons entre genres littéraires. On s’y promène, s’y étend à l’envi, en toute liberté, et je dois dire que c’est très agréable.

En parallèle à cette histoire familiale, l’autrice nous parle également de la terre, de la nature et sans tomber dans un discours revendicateur ou moralisateur, elle nous oblige à un arrêt sur image afin de mieux nous faire appréhender les forces qui sont en jeu, et les interactions entre les progrès techniques et la biodiversité dont, elle nous le rappelle discrètement, nous faisons partie.

Dans une autre culture, Bérangère Cournut serait probablement chamane, ou druide, dans une autre époque. Car si, au vingt-et-unième siècle, elle est connectée, c’est d’abord avec les éléments. L’eau, la terre, l’air et même le feu sont les personnages non pas secondaires, mais « en double », de ce roman. Ils ont autant d’importance que Ferment, Béguin, Chiffon et Zizi Cabane (qui retient pas mal l’attention), mais leur rôle n’apparaît pas de manière aussi évidente. Il faut se laisser porter par ce récit, oublier un peu ce que l’on croit savoir, pour que leur présence relève ce qui n’est pas écrit.

Alors, roman familial ? Initiatique ? Fantastique ? Poétique ?

Sans doute un peu de tout ça et bien d’autres choses encore. Mais qu’importe la case dans laquelle vous voudrez bien le ranger. Personnellement, j’aime bien les inclassables, les hors-normes. Bien souvent, ils ont beaucoup plus de choses à dire. Et quand, comme dans Zizi Cabane, on y rencontre plaisir de lecture et intelligence, je ne peux qu’approuver leur présence dans les rayons de notre bibliothèque.





Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire