Jerome Charyn
Mercure de France. 1994.
Traduit de l’anglais (États-Unis) par Marc Chénetier.
4e de couverture :
« Des journalistes commencèrent à faire leur apparition. Isaac fut contraint de tenir une conférence de presse :
— Monsieur le Maire, pouvez-vous nous parler de la constitution de votre équipe municipale ?
Le roi ne put faire autrement que de mentir un peu :
— Tout ça prend forme… Mon équipe sera en place pour Noël.
— Pouvez-vous nous dire un mot des Knickerbacker Boys ? Est-ce une fraction du Ku Klux Klan ?
— Peut-être. Je les détruirai, quels qu’ils puissent être. »
Le commissaire Sidel vient donc d’être élu maire de New York, mais un mois reste à courir avant sa prise de fonction. Alors il s’enfonce dans les bas-fonds de la ville, déguisé en clochard et sous le pseudonyme de Geronimo. L’idée, c’est d’aller vois de près quels sales coups peut bien préparer le gang des Knickerbocker Boys. Là-dessus ressurgit Anastasia, alias Margaret Tolstoï, le grand amour d’Isaac Sidel, qui a grandi rue du Petit-Ange à Odessa. Elle a fait du chemin depuis et…
Mais on ne raconte pas un roman de Jerome Charyn. On se laisse emporter, bousculer, charmer, surprendre…
Mon avis :
Les plus avertis d’entre nous le savent : tout n’est qu’une question de point de vue ; Rue du Petit-Ange illustre parfaitement cette assertion. Comme d’autres romans de Jerome Charym, d’ailleurs. Avec ses personnages décalés, il réussit à nous donner l’impression de voyager dans un autre monde tout en nous parlant d’une réalité bien ancrée dans notre époque (ou presque :ici, le New York des années 80, et quelques endroits en France).
Si ce roman ne paraît pas forcément d’un abord facile, du moins dans ses premiers paragraphes, c’est bien à cause de ce caractère si particulier de ses protagonistes, et du fait que c’est à travers leurs yeux qu’on suit cette histoire. Mais passé cette impression initiale de ne pas savoir dans quelles eaux on nage, comme le dit la quatrième de couverture, on se laisse vite prendre par ce récit dont l’intrigue n’est peut-être pas le fil le plus important. D’une certaine façon et dans un tout autre genre, l’écriture de Jerome Charym m’a évoqué la plume de Terry Pratchett, pour les situations à la limite de l’absurde qui provoquent rebondissements et surprises. Mais si l’Anglais (Pratchett) bâtit ses histoires avec rigueur, l’Américain s’amuse à nous secouer tel un pantin désarticulé, mais néanmoins mené de main de maître par un marionnettiste fou, car si l’on a parfois l’impression que l’auteur se laisse aller au fil de son imagination débridée, l’histoire qu’il compose est aussi solide que les « gratte-ciels » de New York.
Lire un roman de Jerome Charym, c’est entrer dans un monde que l’on croit connaître, et s’apercevoir qu’on s’est trompé de porte. Tout y est à la fois familier et étrange. Peut-être que vous allez détester… ou adorer, mais ce livre ne vous laissera pas indiférent.
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