Quand Dieu boxait en amateur

Guy Boley





4e de couverture :

Dans une France rurale aujourd’hui oubliée, deux gamins passionnés par les lettres nouent, dans le secret des livres, une amitié solide. Le premier, orphelin de père, travaille comme forgeron depuis ses quatorze ans et vit avec une mère que la littérature effraie et qui, pour cette raison, le met tôt à la boxe. Il sera champion. Le second se tourne vers des écritures plus sainte et devient abbé. Mais jamais les deux anciens gamins ne se quittent. Aussi, lorsque l’abbé propose à son ami d’enfance d’interpréter le rôle de Jésus dans son adaptation de La Passion de Notre Seigneur Jésus-Christ, celui-ci accepte pour sacre, sur la scène du théâtre paroissial, leur fraternité.

Ce boxeur atypique et forgeron flamboyant était le père du narrateur. Après sa mort, celui-ci décide de prendre la plume pour lui rendre sa couronne de gloire, tressée de phrases splendides, en lui écrivant le grand roman qu’il mérite. Un uppercut littéraire.



L’auteur :

Guy Boley est un écrivain français né en 1952 à Besançon dans une famille d’ouvriers. Il exercera de nombreux métiers, d’abord manuels, puis artistiques. Il a notamment été directeur de cirque après avoir fait le saltimbanque, l’acrobate, le funambule… Il se lancera ensuite dans l’écriture, d’abord pour le spectacle vivant, théâtre et danse, puis, tardivement, le roman. Son premier paraît en 2016, il a alors 64 ans. Il est plusieurs fois primé. Son deuxième, Quand Dieu boxait en amateur sera retenu dans la première sélection du prix Goncourt 2018.



Mon avis :

Il est de mon devoir de bibliothécaire d’essayer de me tenir au courant de ce qui sort chez les éditeurs, mais il y en a tellement que la tâche est ardue et je mentirais si je disais que je les vois tous. En vérité, je passe certainement à côté d’une majorité d’ouvrages, mais il aurait été vraiment dommage que celui-ci m’échappe ! C’est peut-être le titre qui a chatouillé mon œil… Quand Dieu boxait en amateur me semblait promettre un ton, une liberté de parole qui font le sel de la littérature. Mais pour être totalement franc, lorsque j’ai découvert qu’il s’agissait d’une espèce d’ode à un père, j’ai fait un peu la grimace. Peur de tomber dans un mélange de pathos et de dithyrambe à vocation plus thérapeutique de littéraire…

Oh, bien sûr, du pathos, il y en a, dans son acceptation ancienne des Grecs de l’antiquité. Quoi d’étonnant ? On y parle aussi de la Passion du Christ, après tout !

Et de l’éloge, on en trouve aussi, mais il s’agit surtout de la façon forcément admirative dont un enfant perçoit un père charismatique, capable de transcender sa position de simple artisan à travers la boxe, d’une part (il devient champion de France amateur) et le spectacle d’autre part, qui fait le lien avec l’homme qu’il se rêvait de devenir, enfant.

Guy Boley ne s’arrête cependant pas à cette vision fantasmée d’un gamin pour son père. Le temps qui passe et les aléas de la vie change son regard, et même les Dieux périssent parfois sous les coups de l’Histoire. L’histoire du père (sans majuscule, celle-là), c’est aussi celle de l’enfant, forcément ! Ici, elle nous est contée avec une sincérité qui transparaît à chaque page, servie par une langue juste et sans fioriture, sur un ton où la vivacité et l’humour nous entraînent de round en round par toute une palette d’émotion dont on ressort marqué, mais content.

Ce court roman (moins de 180 pages) se dévore quasiment d’une traite, et même si vous n’aimez ni Dieu ni votre père ni la boxe, cette parenthèse dans une époque aujourd’hui révolue vous séduira à coup sûr, tant la plume de cet auteur la rend vivante. Mais si je vous ai donné envie d’aller à sa rencontre, je ne saurais trop vous conseiller de commencer par Fils du feu, qui précède celui-ci dans ce qui devrait constituer une trilogie consacrée à ses origines et au milieu prolétarien dans lequel il a grandi.

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