Mon Chien Stupide

 John Fante

Christian Bourgeois Éditeur. Collection Littérature étrangère.

Traduit de l’américain par Brice Matthieussent.








4e de couverture :


Nous sommes en Californie dans les années 60. Henry Molise, 55 ans, ancien romancier à succès reconverti dans l’écriture de scénarios pour Hollywood, habite une villa dans un quartier chic au bord du Pacifique. Ce nouvel avatar de John Fante est marié et père de quatre marginaux qui le font tourner en bourrique : l’un fume de la marijuana, l’autre couche avec des Noires, le troisième plaque l’université pour s’occuper d’enfants malades, et sa fille fréquente un surfer hippie vétéran du Vietnam ! Là-dessus, comme un chien dans un jeu de quille, déboule Stupide, énorme quadrupède libidineux et mélancolique à tendances homosexuelles… Nolise le trouve bien sûr irrésistible, au grand dam de son épouse et du voisinage. Pleurs et grincements de dents, départ des enfants et intervention finale d’une adorable truie appelée Mary…




Mon avis :


Mon chien Stupide est paru aux États-Unis en 1985, soit deux ans après la mort de son auteur (1987 pour la traduction française). Comme la majuscule le laisse deviné, Stupide est le nom que la famille Molise a donné à ce chien qui s’est installé un beau jour chez eux. Cet énorme clébard à tête d’ours, mal élevé et obsédé sexuel, devient immédiatement le catalyseur d’une crise familiale qui couve depuis longtemps. En pleine crise de la cinquantaine, Henry Molise n’a qu’un désir : retourner dans l’Italie de son enfance… et être débarrasser de ses quatre enfants (quasi adultes) avec qui il entretient des rapports conflictuels et de sa femme dont il s’est éloigné. Seulement voilà, Henry est un « has been », fauché, vidé de toute inspiration, tout juste bon à râler sur un monde qui évolue sans lui.

Sur un mode tragi-comique, John Fante, à travers les déboires du narrateur, égratigne aussi bien la société du spectacle hollywoodienne qui porte si bien « l’américan dream » que la famille américaine moyenne, blanche et protestante dans une époque fortement marqué par le racisme, l’homophobie et un matérialisme forcené.

Comme toujours, Fante met en scène son expérience d’auteur (et de père de famille ?) pour exprimer ses propres sentiments sur l’écriture, l’industrie cinématographique et la famille. Peut-être à cause de son état de santé (diabétique, il a fini aveugle et cul-de-jatte), ce court roman est beaucoup plus noir que la série autour d’Arturo Bandini (Bandini ; Demande à la Poussière ; La route de Los Angelès ; Rêves de Bunker Hill). On y retrouve néanmoins sa plume habile et précise, et même si Mon chien Stupide n’est pas le meilleur « Fante », son ton grinçant, un peu décalé, devrait réjouir ceux qui apprécient les auteurs comme Bukowski, Salinger, Tony O’Neill ou Mark Safranko.

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