Le colonel ne dort pas

 

Emilienne Malfatto

Éditions du sous-sol (Seuil). 2022.







4e de couverture :

Dans une grande ville d’un pays en guerre, un spécialiste de l’interrogatoire accomplit chaque jour son implacable office.

La nuit, le colonel ne dort pas. Une armée de fantômes, ses victimes, a pris possession de ses songes.

Dehors, il pleut sans cesse. La ville et les hommes se confondent dans un paysage brouillé, un peu comme un rêve − ou un cauchemar.

Des ombres se tutoient, trois hommes en perdition se répondent. Le colonel, tortionnaire torturé. L’ordonnance, en silence et en retrait. Et, dans un grand palais vide, un général qui devient fou.



Mon avis :

Parler de la guerre n’est jamais chose aisée, le faire sans parti pris encore moins, sans doute… Emilienne Malfatto y parvient cependant d’une bien belle façon, s’il est possible d’associer cet adjectif aux champs d’horreur.

Elle ne s’attache pas aux faits de guerre, elle ne nous emmène pas sur le front. Nous sommes sur les lignes arrière de l’un des camps. Peu importe lequel. Chacun a forcément de très bonnes raisons de faire la guerre. Forcément, puisqu’il la fait. Ça peut donc être n’importe quelle guerre, vue depuis n’importe quel camp. Des deux côtés, on y retrouve certainement les mêmes angoisses, les mêmes pensées.

Le colonel ne dort pas ne raconte pas guerre, mais ce qu’elle fait aux hommes, ce que les hommes se font à eux-mêmes, en acceptant de participer à certains actes dits nécessaires.

Étrangement, la plume d’Emilienne Malfatto paraît gommer toute violence, alors qu’elle nous décrit cette perte d’humanité que vivent les protagonistes. C’est terrible et poétique. Un peu surréaliste, aussi. On ne sait plus trop, il pleut sans cesse et tout semble se brouiller. Les hommes, la ville, la guerre…

 


 

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