Heimaey


Ian Manook





4e de couverture :
Quand Jacques Soulmiz embarque sa fille Rebecca à la découverte de l’Islande, c’est pour renouer avec elle, pas avec son passé de routard. Mais dès leur arrivée à l’aéroport de Keflavík, la trop belle mécanique des retrouvailles s’enraye. Mots anonymes sur le pare-brise de leur voiture, étrange présence d’un homme dans leur sillage, et ce vieux coupé Saab rouge qui les file à travers déserts de cendre et champs de lave… jusqu’à la disparition de Rebecca. Il devient alors impossible pour Soulmiz de ne pas faire le lien avec le drame qui s’est joué, en juin 1973, sur la petite île d’Heimaey, tout juste dévastée par l’éruption du Eldfell.
Un trip initiatique trop vite enterré, des passions oubliées qui déchaînent des rancœurs inattendues, et un flic passionné de folklore islandais aux prises avec la mafia lituanienne : après l’inoubliable Mongolie de sa trilogie Yeruldelgger et le Brésil moite et étouffant de Mato Grosso, Ian Manook, écrivain nomade, nous fait découvrir une Islande lumineuse, à rebours des clichés, qui rend plus noire encore la tension qu’en maître du suspense il y distille.


L’auteur :
Ian Manook, de son vrai nom Patrick Manoukian, est né le 13 août 1949, à Meudon. À 18 ans, il part en stop et pendant deux ans, il parcourt les États-Unis et le Canada. Il revient en France où il poursuit des études de sciences politiques, puis de journalisme. Ensuite, il repart en voyage, notamment en Islande, au Belize et au Brésil.
Il écrit des rubriques touristiques pour quelques magazines, et, en 1987, crée une agence d’édition spécialisée dans les voyages : Manook.
Entre 2003 et 2011, il signe les scénarios de plusieurs bandes dessinées sous ce même pseudonyme, et c’est en 2013 qu’il signe Ian Manook son premier roman policier : Yeruldegger (prix SNCF du polar 2014). Deux autres titres complètent ce dernier : Les temps sauvages et La mort nomade.
Après Heimaey, Askja, roman sorti en 2019, se passe également en Islande et on y retrouve l’inspecteur Kornelius Jakobson, personnage central du premier.




Mon avis :
J’avais découvert Ian Manook avec son premier roman (Yeruldegger), que j’avais beaucoup aimé. Je n’étais sans doute pas le seul, puisque l’éditeur (Albin Michel) met ce titre en exergue pour promouvoir ceux qui suivent. C’est donc avec un a priori positif que j’ai ouvert Heimaey, et à cause de cela, j’ai été un peu déçu…
En même temps, comme dirait le président, cette déconvenue est surtout de l’ordre du ressenti très personnel.
À vrai dire, j’ai retrouvé avec le même bonheur la façon dont l’auteur nous fait visiter ces contrées lointaines. Il nous prête un œil qui n’est pas celui du simple touriste. On se promène avec lui du pas du voyageur pour qui un paysage n’est pas une simple carte postale, mais porte en lui toute l’histoire de sa région. Sur ce plan, Ian Manook rejoint la confrérie des écrivains voyageurs comme Sylvain Tesson. Et ça, c’est plutôt chouette !
Le lecteur s’attachera forcément au personnage de l’inspecteur Kornelius Jakobson, une espèce de géant doux, un peu paumé dans sa vie sentimentale, et passionné par la culture de son pays. Pour ma part, sur pas mal de points, il m’a fortement rappelé l’autre flic de l’auteur, Yeruldegger. Ça ne m’a pas gêné outre mesure, mais ce genre de caractère de flic solitaire un peu désabusé est un peu stéréotypé, dans la littérature policière.
Alors, me direz-vous, qu’est-ce qui m’a défrisé, dans ce roman ?
Le nœud de l’histoire racontée par Ian Manook se situe au moment de l’éruption du Eldfell sur la petite île d’Heimaey, en 1973, mais l’intrigue du roman se passe de nos jours. Les protagonistes qui ont vécu l’événement de 73 ont donc tous un peu plus de soixante ans. Bien sûr, qu’un type de soixante balais ait une fille de dix-huit ans n’a rien d’absurde, même si ce n’est pas très courant ; qu’il soit en pleine possession de ses moyens physiques n’est pas impossible non plus, tout dépend de ce qu’il a fait dans sa vie ; et qu’il se comporte mentalement comme s’il avait encore vingt piges, c’est encore plus probable, je suis certain qu’on en connaît tous… Pourtant, j’ai vraiment eu du mal à croire à ces personnages qui se comportent tous comme s’ils étaient encore dans la force de l’âge. Et si l’auteur ne nous répétait pas que le drame d’Heimaey remontait à plus de quarante ans, on imaginerait facilement les bonshommes en question beaucoup plus jeune.
Bon, j’ai tout à fait conscience que je suis largement influencé par mon âge − plus ou moins le même que les personnages incriminés −, et mon état général. Quoi qu’on en pense, et même si vieillir est effrayant, nos capacités physiques diminuent, pas de la même façon pour tout le monde, mais c’est inéluctable. Et ça, j’ai l’impression que Ian Manook ne la pas vraiment pris en compte (et pourtant, il a soixante-dix ans…)
D’une manière générale, j’ai le sentiment que pour ce roman, l’histoire et les personnages (sauf, peut-être, celui du flic) sont restés un peu en arrière-plan par rapport au lieu que l’auteur sait si bien nous décrire. Ça reste cependant un bon polar et tous ceux qui aiment voyager y trouveront largement leur bonheur.

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