Céline
Minard
4e
de couverture :
Un
souffle parcourt les prairies du Far-West, aux abords d’une ville
naissante vers laquelle toutes les pistes convergent. C’est celui
d’Eau-qui-court-sur-la-plaine, une indienne dont le clan a été
décimé, et qui, depuis, exerce ses talents de guérisseuse au gré
de ses déplacements. Elle rencontrera les frères McPherson, Jeff et
Brad, traversant les grands espaces avec leur vieille mère mourante
dans un chariot tiré par deux bœufs opiniâtres ; Xiao Niù,
qui comprend le chant du coyote ; Élie poursuivi par Bird
Boisverd ; Arcadia Craig, la contrebassiste. Et tant d’autres
dont les destins singuliers se dévident en une fresque sauvage où
le mythe de l’Ouest américain, revisité avec audace et brio,
s’offre comme un espace de partage encore poreux, ouvert à tous
les trafics, à tous les transits, à toutes les itinérances. Car ce
western des origines, véritable épopée fondatrice, tantôt
lyrique, dramatique ou burlesque, est d’abord une vibrante
célébration des frontières mouvantes de l’imaginaire.
L’auteur :
Céline
Minard
est née à Rouen, en 1969. Elle vit aujourd’hui à Paris. Elle a
étudié la philosophie, puis s’est assez vite tournée vers
l’écriture. Son premier roman, R.,
Comp’Act,
sort en 2004, suivi de La
Manadologie,
en 2005 ; mais c’est avec Le
Dernier Monde,
pour lequel elle reprend le thème du
roman de l’écrivain britannique
Matthew
Phipps Shiel,
Le
Nuage Pourpre
pour en faire une fiction plus convaincante et actualisée, qu’elle
se fait réellement connaître du grand public.
Elle est deux fois pensionnaire de la Villa Médicis, à Rome, en
2007 et 2008, et pensionnaire de la villa Kujoyama, Kioto, au Japon,
en 2011.
Bastar
Bastle,
sorti en 2008, reçoit la mention spéciale du prix Wepler.
Faillir
Être Flingué
(2013) est couronné par pas moins de trois prix : Prix Virilo,
prix du style 2013, prix du livre Inter (2014).
Son
dernier ouvrage, Bacchantes,
est sorti en 2019 aux éditions Rivages.
Mon
avis :
C’est
d’abord la couverture, qui a attiré mon attention : Faillir
être flingué… qu’est-ce que c’est cette utilisation d’un
double infinitif, dans un titre ! Ce n’est pas commun, ça
interpelle ! J’avais même l’impression que ça sonnait
faux, comme une mauvaise traduction d’outil numérique d’il y a
dix ou quinze ans. Sauf que ce n’est pas une traduction ! Puis
j’ai retourné l’ouvrage pour en lire la présentation, et là,
je dois admettre que cette première impression, pour tout dire pas très
bonne, a été immédiatement balayée.
« Waouh !
Que je me suis dit, à défaut d’autre interlocuteur. Voilà une
galerie de personnages des plus hétéroclites ! Ça m’a l’air
très prometteur ! »
Alors
j’ai embarqué sans plus attendre dans un vieux chariot
brinquebalant, tiré par des bœufs. Sans même savoir où ça allait
m’entraîner. Eh bien, croyez-moi ou pas, mais si j’avais su dans
quelle aventure je me jetais, j’y serais allé quand même. Et
plutôt deux fois qu’une.
La
littérature western, très populaire aux États-Unis, n’est pas ce
qui fait le gros des ventes en France, où le genre est surtout connu
au cinéma, et les quelques romans qui commencent à trouver un
lectorat dans l’hexagone sont, pour la plupart, d’auteurs
américains. C’est pourtant de la plume d’une autrice bien
française que sort ce petit bijou qui n’a rien à envier aux plus
belles productions cinématographiques, qu’elles soient italiennes
ou hollywoodiennes.
Un
vrai souffle épique traverse ce roman, transportant des odeurs de
poussières dans le galop des chevaux, des cris de guerriers indiens,
et des bruits de marteau qu’on abat au milieu du brouhaha d’une
ville en pleine construction. On y suit tour à tour divers
personnages venant d’horizon et de culture différents ; tous
(à part les natifs) sont en rupture avec leur passé, tous
convergent vers une ville nouvelle, à peine sorite de terre, avec
l’espoir d’y repartir à zéro. Ces hommes et femmes ont quitté,
ou parfois fui, leur ancienne vie pour plonger dans l’inconnu, dans
un monde où tout reste à inventer, à construire. Dans un monde où
il faut d’abord survivre : à la faim, à la nature sauvage,
et surtout aux autres, eux aussi prêts à tout pour s’en sortir.
Et ce n’est pas forcément les indigènes les plus dangereux. Les
rencontres sont d’abord et toujours sur le mode de la méfiance et
du chacun pour soi, mais lorsqu’on veut s’installer auprès
d’autres gens, on apprend vite l’entraide, parfois en dépit de
ses propres peurs, face à des personnes dont on ne comprend ni la
langue ni la culture.
C’est
ce melting-pot d’êtres aussi différents les uns des autres,
certains cultivés, d’autres à peine « civilisés »,
mais chacun portant avec lui sa propre manière de s’en sortir, que
nous narre avec brio Céline Minard. Ici, pas de héros
flamboyant qui s’élève avec panache au-dessus du commun, mais des
personnages ordinaires sublimés par leur singularité. Pas de grande
épopée non plus, mais ça ne manque pas d’actions, de
chevauchées, de bagarres de saloon, de situations périlleuses… Et
ce qu’il faut de drame, de sentiments ou de cocasseries.
Je
l’avoue, si je m’étais arrêté au titre, je n’aurais
peut-être pas lu ce bouquin, et ça aurait été bien dommage, parce
qu’il n’y en a pas tant que ça qui m’ont autant emballé. J’ai
été happé dès les premières lignes par la qualité d’écriture
et l’histoire, magnifique, a fait le reste. Ce n’est pas
compliqué, ce roman m’a littéralement flingué !
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