Dans l'épaisseur de la chair

 Jean-Marie Blas de Roblès



Zulma, 2017 375 pages








4e de couverture :

C’est l’histoire de ce qui se passe dans l’esprit d’un homme. Ou le roman vrai de Manuel Cortès, rêvé par son fils − avec le perroquet Heidegger en trublion narquois de sa conscience agitée. Manuel Cortès dont la vie pourrait se résumer ainsi : fils d’immigrés espagnols tenant bistrot dans la ville de garnison de Sidi-Bel-Abbès, en Algérie, devenu chirurgien, engagé volontaire aux côtés des Alliés en 1942, accessoirement sosie de l’acteur Tyrone Power − détail qui peut avoir son importance auprès des dames…


Et puis il y a tous ces petits faits vrais de la mythologie familiale, les rituels du pêcheur solitaire, les heures terribles du départ dans l’urgence, et celles, non moins douloureuses, de l’arrivée sur l’autre rive de la Méditerranée.
Dans l’épaisseur de la chair est un roman ambitieux, émouvant, admirable − et qui nous dévoile tout un pan de l’histoire de l’Algérie. Une histoire vue par le prisme de l’amour d’un fils pour son père.




Mon avis :


On reconnaît tout de suite un livre de chez Zulma à sa couverture très graphique et à son triangle pointe en bas dans lequel on trouve le titre de l’ouvrage, le nom de l’auteur et un Z qui veut dire… Zulma.

Les éditions Zulma (qui fêtent cette année leur trente ans d’existence), créées par Laure Leroy qui en est toujours la directrice, proposent à notre soif de lecture de la littérature du monde entier, c’est-à-dire qu’on y trouve aussi bien des auteurs français que des livres de toutes origines, pourvu qu’ils s’agissent de littérature contemporaine. Dans l’épaisseur de la chair, malgré le nom de l’auteur aux racines ibériques, fait partie de la collection « littérature française ». Jean-Marie Blas de Roblès, tout comme le narrateur de ce roman, est né en algérie (à Sidi-Bel-Abbès), avant que sa famille ne s’installe en France, dans le Var. On peut donc en déduire que ce récit est en grande partie autobiographique, mais au-delà de l’intérêt historique (personnellement, j’ai découvert un visage de l’Algérie dite « française » que je connaissais assez mal), c’est la façon dont Jean-Marie Blas de Roblès nous entraîne dans cette saga (on remonte à l’arrière grand-père qui a quitté l’Espagne pour l’Algérie) : avec délicatesse, presque sans nous forcer, mais on se rend tout juste compte qu’il nous a pris par la main qu’on est déjà aux trois quarts du roman. La situation dans laquelle il place le narrateur apporte une certaine urgence tout en permettant quelques digressions qui, loin de perturber le déroulement, relancent le récit en reliant l’évocation du passé avec le présent : le présent général de l’époque autant que le présent immédiat de celui qui raconte.

Jean-Marie Blas de Roblès a l’élégance des grands écrivains : il nous offre un roman dense et riche, mais jamais impénétrable ni même un peu ardu. Au contraire, il est à la fois drôle et émouvant, empreint d’une grande humanité, d’une grande intelligence.

Dans l’épaisseur de la chair a reçu le Prix Littéraire des Journées du Livre Européen et Méditerranéen en 2018. Il est également « Coup de cœur des libraires » la même année.

Le 5 juillet 2021, Jean-Marie Blas de Roblès reçoit le Grand prix de littérature de la Société des gens de lettres pour l’ensemble de son œuvre.

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