Marco Magini
HC Éditions. 2016.
Traduit de l’italien par Chantal Moiroud.
4e de couverture :
« À Srebrenica, la seule façon de rester innocent était de mourir. »
1995. Le conflit en Yougoslavie s’intensifie. À tout juste vingt ans, Dražen Erdemović s’engage dans l’armée serbe dans l’espoir d’offrir un avenir à sa femme et à sa fille qui vient de naître.
Né en Bosnie-Herzégovine, de parents croates, Dražen est le symbole même du multiculturalisme yougoslave. L’uniforme serbe est le troisième qu’il endosse, mais rien ne lui importe plus que de voir son pays à nouveau en paix. Il va découvrir l’horreur de la guerre, l’impuissance d’un homme seul face à un groupe de soldats incontrôlés, l’anéantissement des consciences.
La force de ce roman tient dans le choix narratif de l’auteur : trois voix alternent ainsi dans une partition bien rythmée. Celle de Dirk, soldat néerlandais qui assiste à l’impuissance des casques bleus de l’ONU. Celle de Romeo González, juge au Tribunal pénal international de La Haye, qui s’apprête à rendre son verdict un an plus tard. Et celle de Dražen, qui devient l’un des acteurs du pire massacre commis en Europe depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.
Mon avis :
Il y a des guerres dont on n’aime pas trop parler, comme celle-ci qui s’est déroulée quasiment à nos portes, à guère plus d’un millier de kilomètres de nos frontières, une cinquantaine d’année après la seconde guerre mondiale.
Ce livre ne raconte pas le déroulement de la guerre en ex-Tchécoslovaquie, n’en explique ni les pourquoi ni les comment, ne désigne ni les gentils ni les méchants. Il donne voix à trois personnes qui ont vécu les mêmes événements, chacune à leur manière, chacune dans leur contexte particulier.
En nous faisant entrer dans l’intimité de ces trois personnages, Marco Magini parle plus de ce que cette guerre provoque chez eux que de la guerre elle-même. Il va chercher chez chacun d’entre eux les contradictions qui sont au centre de leurs décisions.
Plus qu’un livre sur la guerre, c’est un livre sur les hommes qui y participent, d’une façon ou d’une autre. Juge, soldat de la guerre, soldat de la paix, tous doivent s’arranger entre leur devoir et leur morale, et aucun choix n’est évident.
Un roman intelligent, fort bien construit, qui n’apporte pas de réponse toute faite, mais donne sujet à réflexion.
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