Les gens du Balto


Faïza Guène





4e de couverture :
Jusqu’à ce fameux samedi, il ne s’était jamais rien passé d’extraordinaire à Joigny-lès-Deux-Bouts, petite bourgade tranquille en fin de ligne du R.E.R. Yéva, minijupe à ras et verbe haut, rêvait toujours d’une vie ailleurs. Jacquot, son mari chômeur, creusait une fosse dans le canapé à force de jeux télévisés. Leur fils Yeznig, déficient mental, recomptait ses dents après chaque repas. Son frère Tanièl, renvoyé du lycée pour avoir abimé le conseiller d’orientation, peaufinait sa technique pour serrer les blondes. Le jeune Ali, Marseillais au gros nez, essayait de se fondre dans le décor. Et Magalie, LA blonde du lycée, suivait à la lettre les conseils de son magazine préféré pour rendre crazy tous les mecs.
Bref, la routine, pour ces habitués qui, un matin, découvrent le patron de « leur » bar, baignant dans son sang. Un drame ? Pas pour les gens du Balto.


L’auteur :
Faïza Guène est née de parents originaires de l’ouest algérien, en 1985, à Pantin, où elle grandit avec son frère et sa sœur. Dès l’âge de treize ans, elle fréquente un atelier d’écriture audiovisuelle dirigé par une association : Les Engraineurs. Avant d’avoir dix-sept ans, elle y écrit et réalise cinq courts-métrages en vidéo, dont certains seront primés dans des festivals. À dix-huit ans, elle réalise un moyen métrage dans lequel elle fait jouer sa mère (Rien que des mots).
Dans le même temps, elle écrit sur une trentaine de pages les premiers mots d’un court roman, Kiffe kiffe demain, « comme un loisir », dit-elle. Le professeur de français responsable de l’atelier d’écriture envoie le texte à Hachette Livre où il est repéré par l’éditrice Isabelle Seguin qui la pousse à en terminer la rédaction. Il se vendra à plus de 400 000 exemplaires.
Deux ans plus tard, elle publiera Du rêve pour les oufs, puis, en 2008, Les gens du Balto. Elle revient en 2014 avec Un homme, ça ne pleure pas, et en 2018, Millénium blues.


Mon avis :
Les gens du Balto est le premier roman de cette autrice que je lis. Peut-être vaut-il mieux commencer par un autre, pour découvrir cette romancière… Je ne sais pas, faute d’avoir lu les autres, justement. Mais j’imagine que si elle est considérée comme une figure des lettres, que si ses romans ont été traduits dans une vingtaine de pays, ce n’est pas pour rien. Ou bien n’est-ce qu’un effet de mode ?
En cherchant quelques renseignements sur l’auteur, j’ai découvert qu’elle avait débuté dans l’écriture à travers la création audiovisuelle. Ceci se retrouve dans la forme narrative qu’elle utilise dans ce roman : une suite de monologues de chacun des protagonistes. Dans un film, cela revient à installer des personnages face à la caméra, et, à tour de rôle, leur faire raconter leur histoire… Ça a déjà été utilisé, par Godard dans les années 70, je crois.
Bon, Faïza Guène reproduit à merveille un parler pauvre en vocabulaire, mais riche en images, qu’on met volontiers dans la bouche des « petites gens », les pauvres, les laissés-pour-compte, ceux qui n’ont pas étudié, qui n’ont pas d’avenir… Elle en a croisé, elle s’en est imprégnée, peut-être même qu’elle répète au mot près certaines phrases ou expressions qu’elle a entendu. Ça donne un texte très vivant, bien sûr, mais il n’y a que ça ! Des gens qui ont l’air de s’adresser directement au lecteur (la caméra) pour donner leur version de l’histoire. Heureusement, c’est très court, et ça sonne juste. Dommage, néanmoins, que tous ces personnages soient du même gabarit, qu’aucun ne vienne apporter un contrepoint dans cette chorale où tous jouent la même partition. Certes, chacun d’entre eux est fort bien représenté et on le verrait très bien sur la scène d’un café-théâtre, ou le spectacle est centré sur le personnage, justement, mais dans un roman, ça manque un peu de corps, à mon goût.
C’est plaisant à lire, grâce à cette galerie de personnages truculents, et d’un point de vue narratif, je dirais que c’est un bon exercice de style, mais ça manque de variété et l’utilisation de la seule forme du monologue, excluant toute description, toute progression dramatique, me paraît un peu facile. En bref, ce court roman, bien qu’assez sympathique, ne rentrera pas dans le top 20 de mes lectures de l’année.

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