Une Épopée Historique de Déracinement et de Résilience :
« Les Déracinés » de Catherine Bardon
L’Autrice, entre deux Mondes Catherine Bardon,
née à Lyon le 19 septembre 1965, est une romancière française qui
partage son temps entre la France et la République dominicaine, un
pays qui nourrit une partie significative de son inspiration. Avant
de se consacrer à l’écriture romanesque, elle a eu une carrière
dans la communication et la formation, et a également exercé comme
pigiste dans les domaines du tourisme, de la culture et de l'art de
vivre. Passionnée par la République dominicaine, elle a d’ailleurs
signé une quinzaine de guides touristiques sur cette destination,
publiant le premier guide français en 1993. Catherine Bardon est
aussi scénariste de bandes dessinées. Son roman, « Les
Déracinés », publié en 2018, marque le début de sa carrière
de romancière et est le premier volume d’une saga historique
acclamée.
Le Roman : Une Odyssée au Cœur de l’Exil
« Les Déracinés » est une vaste fresque romanesque et
une saga familiale qui débute à Vienne, en Autriche, dans les
années 1930. Le récit nous plonge dans la vie de Wilhelm, un jeune
journaliste de 25 ans, et de sa fiancée Almah, dont il tombe
éperdument amoureux lors d’une soirée artistique et
intellectuelle en 1931. Cependant, leur idylle est rapidement
assombrie par la montée inexorable de l’antisémitisme et
du nazisme.
Face à un quotidien de plus en plus menaçant, le jeune couple,
d’origine juive et bourgeoise, est contraint à l'exil en 1939.
Après avoir été arrêtés en Suisse et consignés dans un camp de
réfugiés, ils se voient offrir une opportunité inattendue :
faire partie des 100 000 Juifs attendus en République
dominicaine, suite à un accord passé entre le dictateur local
Trujillo et les autorités américaines. Loin de la richesse et de la
culture viennoise, la jungle sauvage et brûlante des Caraïbes
devient le décor de leur nouvelle vie, leur offrant l’opportunité
de se réinventer.
Le roman, qui s'achève en 1961 avec l’assassinat de Trujillo,
est narré alternativement par Wilhelm et par l’autrice. Il couvre
quarante années de l'histoire, traversant la Seconde Guerre
mondiale, le nazisme, l’essor américain, la révolution cubaine et
la naissance de l’État d’Israël. Bien que les personnages
soient fictifs, ils ont été inspirés par les rencontres de
Catherine Bardon en République dominicaine, ancrant ainsi ce récit
dans des faits historiques réels et souvent méconnus. Au-delà de
l'exil et de la perte de repères, le roman explore des thèmes
universels tels que l’amour, le deuil, la vie en
communauté, la littérature, la sexualité féminine des années
40/50, l’adultère, le travail et l’écologie, offrant
une réflexion profonde sur la vie elle-même. Ce « pavé »
de près de huit cents pages est le premier tome d’une saga.
Ce qu'en dit la Critique : Lumières et Ombres de
l'Exil « Les Déracinés » a été largement
salué et a conquis de nombreux lecteurs, se positionnant comme un
véritable coup de cœur pour beaucoup. Il a
d’ailleurs remporté plusieurs distinctions, dont le Prix Wizo 2019
et d’autres prix des lecteurs.
Points Positifs :
Une Richesse Historique
Inédite : Le roman est unanimement applaudi pour
avoir mis en lumière un pan méconnu de l’histoire de la
Seconde Guerre mondiale : l’accueil des Juifs en
République dominicaine. Cette révélation historique est décrite
comme « instructive et passionnante » et « une
excellente idée ».
Une Fresque Épique et
Émouvante : Le livre est perçu comme une « épopée »
et une « belle fresque », offrant un
« souffle admirable » et une histoire « originale
et émouvante ». Les lecteurs sont transportés par cette
saga familiale qui mêle habilement petite et grande histoire.
Thèmes Profonds et
Universels : Le récit aborde des sujets graves tels
que la douleur de l’exil, la perte des rêves de jeunesse, le
deuil, mais aussi la reconstruction, l’espoir et la
résilience face aux drames. Il explore la quête
d’identité et de racines dans un contexte de déracinement
forcé.
Une Plume Captivante :
La qualité de l’écriture est souvent soulignée, décrite comme
« fluide », et les premiers chapitres sont remarqués
pour leur « esthétisme proche de la plume de Stefan
Zweig ». L’autrice raconte son histoire de manière
« passionnante ».
Des Personnages
Attachants : Malgré les épreuves, les protagonistes
sont généralement jugés attachants, et leur parcours est suivi
avec intérêt sur plus de sept cents pages.
Points Négatifs :
La Longueur de
l'Ouvrage : Le livre est de taille considérable
(près de huit cents pages), ce qui a pu être un frein initial
pour certains lecteurs. Cependant, d’autres ont trouvé la
lecture tellement prenante qu’ils n’ont pas vu le temps passer.
Difficulté à s’attacher
au personnage principal
masculin : Un avis
souligne une difficulté à s'attacher à Wilhelm, le trouvant
parfois immature et égocentrique.
Gestion des Points de Vue Narratifs :
L’alternance entre la narration à la première personne (par
Wilhelm) et celle d’un narrateur omniscient a été perçue par
certains comme un aspect qui aurait pu être mieux maîtrisé,
nécessitant un temps d’adaptation à chaque changement.
En somme, « Les Déracinés » de Catherine Bardon est
un roman qui, malgré quelques critiques mineures sur la forme ou
l’attachement à certains personnages, se distingue par sa capacité
à éclairer une page oubliée de l'histoire, à émouvoir et à
offrir une profonde réflexion sur l’humanité, l’exil et
la capacité de résilience. C’est une œuvre qui enrichit
et fait voyager, chaudement recommandée à lire et à offrir.