Jean-Marc
Souvira
4e de
couverture :
03 h 20 du matin, Ouest
parisien. Le commissaire Mistral écoute un morceau de jazz, son
humeur à l’unisson. Les lumières de la ville défilent à travers
la vitre. Plongée en apnée dans son âme. Il ne le sait pas encore,
mais le compte à rebours a commencé.
Plein jour, sud-est du
Nigeria. Les tambours résonnent. Margaret, 17 ans, corps de
déesse et cœur sur le point d’imploser d’émotion, s’avance
sous la tente. La cérémonie débute. Elle ne le sait pas encore,
mais son destin, et celui de sa famille, sont sur le point de
basculer.
Retour à Paris. Un
homme guette, attend, les sens en alerte dans l’obscurité. Il n’en
peut plus. Il fredonne comme une litanie sans fin son morceau culte
d’AC/DC. Il savoure par avance le moment où il possédera sa
proie.
Le tic-tac s’égrène. Le
point d’impact de ces trajectoires humaines est imminent.
L’auteur :
Jean-Marc
Souvira
est né à Oran, le 29 octobre 1954, et a grandi en Provence, entre
Salon et Aix. Inscrit en fac de droit, c’est sa rencontre avec un
commissaire de police venu présenter le métier qui décide de sa
vocation, mais plutôt que de passer les concours pour accéder
directement aux statuts les plus élevés, il décide de commencer
par la base. C’est donc comme simple flic qu’il débarque à
Paris, en août 78. En 1990, il s’inscrit au concours de
commissaire de police, grade qu’il obtiendra après deux ans de
formation. Du
commissariat spécial des réseaux ferrés à la division des
relations internationales de la P.J., en passant par la Brigade de
protection des mineurs, Jean-Marc
Souvira
a une carrière policière bien remplie. Depuis 2007, il dirige
l’Office central pour la répression de la traite des êtres
humains.
Jusqu’en
2005, Jean-Marc
Souvira
n’avait pas vraiment pensé à écrire. C’est après une
discussion avec un ami pendant laquelle il critique l’image du flic
français à la télévision ou au cinéma qu’il décide d’écrire
un texte d’une quarantaine de pages à propos d’un policier
d’origine marocaine infiltré dans un réseau de trafic de drogue.
L’ami fait lire le texte à un producteur qui entrevoit
immédiatement le potentiel cinématographique. Ça deviendra « Go
fast »
au cinéma.
À
la suite de cette expérience, Jean-Marc
Souvira
découvre qu’il a bien d’autres idées en tête et décide de
poursuivre l’aventure de l’écrit. Il en suivra « Le
magicien »,
qui sort en 2008, en même temps que le film « Go
fast »,
puis « Le
vent t’emportera »,
en 2010.
Il
faudra attendre cinq ans avant que ne paraisse « Les
sirènes noires »,
son troisième roman mettant en scène le commissaire Mistral.
Mon avis :
L’auteur, vous l’avez
compris, fait partie de la « Grande Maison », alors
forcément, son roman colle au plus près de la réalité du terrain
et du métier de flic. Et comme en plus il montre un certain talent
pour raconter des histoires, on tient là ce que j’appellerais « un
sacré polar ! »
On imagine sans mal que
Jean-Marc Souvira s’est
largement inspiré de faits, de personnages rencontrés au court de
sa carrière, ce qui rend cette fiction extrêmement réaliste.
La description de certains quartiers de la Capitale et de leur
ambiance particulière est également très fidèle, et même pour
les non-Parisiens qui n’en ont cure, la lecture n’en est que plus
vivante. La plume est incisive et précise, et le scénario bien
construit bénéficie de l’expérience professionnelle de l’auteur.
La
trame de l’histoire repose sur la traite des êtres humains et nous
éclaire sur la façon dont les proxénètes utilisent la crédulité
des personnes les moins cultivées face aux croyances traditionnelles
de leur communauté. Elle pose aussi la question de la confrontation
de cultures possédant chacune un mode de pensée très différent.
C’est d’ailleurs sur ce dernier point que j’ai trouvé que ce
roman « péchait » un peu : à part une inspectrice
originaire d’Haïti et un flic ancien séminariste, les autres
policiers
me semblent un peu trop fermés au monde de l’ésotérisme. Ça m’a
paru un peu caricatural, mais
c’est un sentiment personnel… Après tout, peut-être qu’à
cause de leur formation très cartésienne, les flics deviennent
hermétiques à tout ce qui sort de l’ordinaire et que cela reflète
la réalité.
Pour le reste, j’ai passé
un excellent moment avec ce roman dans lequel l’auteur ne
s’appesantit pas sur des descriptions inutiles des scènes les plus
horribles. Les cœurs sensibles lui en sauront gré. L’auteur ne se
complaît pas dans le gore et le sanguinolent sans pour autant tomber
dans la pudibonderie, et cet équilibre donne sa couleur à un récit
qui s’adresse ainsi à tous les publics, même si les amateurs de
textes un peu plus crus lui reprocheront peut-être cet aspect un peu
trop lisse.
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