Femme à la mobylette


Jean-Luc Seigle





4e de couverture :
Abandonnée par tous avec ses trois enfants, Reine n’arrive plus à faire face. Sa vie finit par ressembler à son jardin qui n’est plus qu’une décharge. Son horizon paraît se boucher chaque jour davantage, alors qu’elle porte en elle tant de richesses. Seul un miracle pourrait la sauver… Et il se présente sous la forme d’une mobylette bleue. Cet engin des années 1960 lui apportera-t-il le bonheur qu’elle cherche dans tous les recoins de ce monde et, surtout, à quel prix ?
Jean-Luc Seigle dresse le portrait saisissant d’une femme ordinaire au bord du gouffre. Ce faisant, c’est une partie de la France d’aujourd’hui qu’il dépeint, celle des laissés-pour-compte que la société en crise martyrise et oublie.


L’auteur :
Jean-Luc Seigle est né dans le Puy-de-Dôme, près de Clermont-Ferrand, où il a été élevé par son grand-père, paysan devenu ouvrier et ancien soldat de la Grande Guerre, et sa grand-mère communiste qui lui a donné le goût de la lecture. À partir des années 80, il écrit surtout pour le théâtre, et signe quelques scénarios pour la télévision et le cinéma. Sans cesser de travailler pour les acteurs, il entamera sa carrière de romancier à l’orée du vingt-et-unième siècle.
Femme à la mobylette, paru en août 2017, est son quatrième roman.


Mon avis :
Dans Femme à la mobylette, l’auteur explore à nouveau le quotidien d’un être qui n’est plus en accord avec la société. En vieillissant les hommes pleurent, l’un de ses précédents romans, mettait en scène un homme dépassé par la marche du progrès − largement inspiré par son propre grand-père. Ici, on côtoie une femme qui n’était tout simplement pas armée dès le départ pour marcher au rythme du monde d’aujourd’hui. Toute à la fois forte et fragile, elle est construite autant que déchirée par la vie. Peu douée pour les études, elle a développé une compréhension empirique d’un monde qui, bien qu’elle soit ouverte à « l’en-dehors », à cause d’une situation précaire, se limite principalement à ce qui la touche et l’entoure : la famille dont elle est issue, celle qu’elle a fondée.
Une fois encore, Jean-Luc Seigle fouille d’une plume experte les âmes simples qui, comme les plantes du même nom, ont les pieds dans la terre et la tête vers les nuages. Une fois encore, il extirpe la part de créativité et de beauté enfouie sous les scories d’une existence en lambeau, chez ces laissés-pour-compte, ces inaptes à la vie qu’on préfère oublier. Cette beauté que seuls l’écrivain ou le peintre sont capables de discerner au premier coup d’œil. Une fois encore, l’auteur traite avec justesse des individus les plus faibles face à une machine sociétale qui les broient.
Livre après livre, Jean-Luc Seigle, chantre des petites gens, démontre son talent à faire pousser d’étranges et belles fleurs sur les crassiers les plus noirs. Femme à la mobylette se lit comme un conte : on ne cherchera pas de crédibilité dans le récit de la vie de Reine. La véritable histoire se trouve entre les lignes et raconte que la pauvreté engendre les rêves les plus fous.
Et pour mieux vous en convaincre, ne faites pas l’impasse sur le court essai − À la recherche du sixième continent − qui suit ce roman. Vous comprendrez à quel point l’auteur renoue, à sa façon, avec un genre littéraire qui a eu ses heures de gloire sous les plumes de Victor Hugo ou d’Émile Zola.

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