Derrière l'écran


Richard Matheson





4e de couverture :
Des enfants différents, vampires ou mutants, des maisons piégées, des jeux d’illusions mortels, une télévision qui ne se contente pas de manger votre temps…
Ce premier des cinq volumes composant l’intégrale des nouvelles de Matheson − présentées dans l’ordre de leur composition et dans des traductions nouvelles ou soigneusement revues − correspond au tout début de la carrière de l’auteur. Il s’attaquait alors indifféremment au fantastique ou à la science-fiction, mais en leur imprimant sa marque : une concision qui transforme certains récits en véritables coups de poing, une recherche de variété dans les formes narratives, un investissement personnel dans les thèmes abordés (à la manière de Philip K. Dick qui débute à peu près à la même époque), une évacuation du surnaturel gothique au profit de celui qui naît de nos angoisses et de nos névroses, une vision du monde frappée au coin du macabre et du sarcastique.
Avec ces textes naissait l’inventeur de la terreur moderne. Celui que Stephen King salue comme son maître.


L’auteur :
Né en 1926 à Allendale (New Jersey), il décédera le 23 juin 2013 à Calabasas, en Californie.
Le nom de Richard Burton Matheson ne dira peut-être rien aux plus jeunes, mais des titres de films comme Hypnose de David Koepp (2000), Je suis une légende, de Francis Lawrence (2007), The box, de Richard Kelly (2009) ou Real steal, de Shawn Levy (2011) seront sans doute plus parlants. Ce sont en effet des adaptations de roman de cet auteur. Les plus anciens se souviendront de L’homme qui rétrécit, de Jack Arnold, sorti en 1957.
Mais sa carrière au cinéma ne s’arrête pas là : scénariste pour le cinéma et la télévision, il a participé à de nombreux succès, comme Les dents de la mer (3) ou certains épisodes de séries telles que La quatrième dimension.
Auteur prolifique, il produira de nombreuses nouvelles publiées dans différentes revues américaines, et des romans. À son actif, on trouve une dizaine de romans policiers, dont Les seins de glace, Jour de fureur ou De la part des copains, mais la plus grande partie de son œuvre se compose de récits fantastiques ou de science-fiction.
Le présent ouvrage est sorti en France en 1999 et regroupe les premiers écrits de Matheson, publiés aux États-Unis entre 1950 et 1953.


Mon avis :
Par rapport à la production actuelle, ces nouvelles accusent leur âge. Les classer dans la catégorie « terreur » peut presque sembler un tantinet risible, tant on a du mal à imaginer qu’elles puissent effrayer quiconque, à notre époque de surenchères sanguinolentes. Et pourtant ! Évocatrices plus que descriptives, je suis bien certain qu’elles ont tenu en haleine nos pères et nos grands-pères, et fait frémir d’effroi nos grand-mères et leurs filles. Et ce d’autant plus que, quel que soit le sujet abordé, on ne va jamais vers un épilogue heureux. Richard Matheson ne fait pas dans l’optimisme béat face aux progrès techniques ; pour lui, le futur est noir ! Mais ce qui a certainement le plus marqué nos aïeux, dans ses nouvelles, c’est que contrairement à ses illustres prédécesseurs (Bram Stoker, Mary Shelley, Edgar Alan Poe…) il inscrit ses sombres récits dans la réalité la plus quotidienne.
Les thèmes développés par l’auteur correspondent bien à l’air de son temps, aux craintes que l’avenir pouvait inspirer à la lumière des avancées scientifiques, ou de l’idée qu’on s’en faisait alors… Le lecteur attentif se dira d’ailleurs que certaines de ces peurs sont encore bien vivaces, même si leur forme a évolué en même temps que nos connaissances.
Du fantastique à la science-fiction, on voyage à travers différents univers avec un bonheur inégal : si la plupart de ces nouvelles sont de vrais moments de plaisir littéraire, d’autres ne méritent qu’un intérêt poli. Il est vrai que ce sont ses premiers écrits… Matheson n’était pas encore le romancier et scénariste reconnu qu’il est devenu par la suite. L’ensemble reste tout de même d’un excellent niveau, ne serait-ce que par la qualité d’écriture.

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