Ray
Bradbury
Traduit de l’anglais par
Emmanuel Jouanne.
4e de
couverture :
Venice, Californie. Nous
sommes en octobre 1949, par une nuit d’orage, dans un gros tramway
rouge, vieux, grinçant. Le narrateur y est seul avec un homme ivre
qui se met à geindre, lui soufflant son haleine avinée dans le
cou : « Oh ! La solitude est un cercueil de verre. »
Puis l’inconnu disparaît. En contrebas, dans le canal, un
vieillard se balance, mort, dans une ancienne cage à lion.
L’inspecteur Crumley mettra
bien du temps à se laisser convaincre par le narrateur, jeune
romancier un peu « tête brûlée », qui prétend avoir
entendu l’assassin et qui a commencé son enquête auprès de
personnages on ne peut plus singuliers.
Dès lors, qui, de Cumbley ou
du détective amateur, débrouillera l’énigme ?
L’auteur :
Raymond
Douglas Bradbury dit
Ray
Bradbury
est un auteur américain, né à Waukegan, dans l’Illinois, le 22
août 1920, et mort à 91 ans, le 5 juin 2012, à Los Angeles, en
Californie. Il descend, par son père, d’une des fameuses sorcières
de Salem. Toujours du côté paternel, son grand-père et son
arrière-grand-père étaient éditeurs de journaux, ce qui a sans
doute influencé son goût pour la lecture et l’écriture qu’il
pratique dès son plus jeune âge.
Si
ses premiers romans de jeunesse sont en partie autobiographiques et
dépeignent la vie dans la région de Waukegan (que sa famille
quittera pour Los Angeles alors qu’il a 14 ans), c’est à travers
la science-fiction et les romans d’anticipation qu’il gagnera
sa notoriété, notamment avec Chroniques
martiennes
(1950), le recueil de nouvelles L’homme
illustré
(1951) ou son roman dystopique publié en 1953 et devenu l’une des
références du genre : Fahrenheit 451.
La
même année, il écrit le scénario du Moby
Dick
de John
Huston.
À partir des années soixante, il signe également quelques pièces
de théâtre et travaille pour la télévision.
Avec
La
solitude est un cercueil de verre,
roman paru en 1985 sous le titre Death
is a lonely business,
il rompt avec son genre de prédilection pour rendre hommage aux
maîtres du roman noir
américain.
Mon avis :
Pour moi, et sans doute pour
un certain nombre d’autres lecteurs, Ray Bradbury est un
auteur de science-fiction… À une époque où j’en lisais
beaucoup, je m’étais régalé de ses nouvelles, ses Chroniques
martiennes, et enflammé pour Fahrenheit 451. Je dois
l’avouer, j’ai été assez surpris de trouver le nom de cet
auteur dans les rayons « Polars » de la médiathèque
départementale…
C’est donc mû par une
curiosité tout à fait littéraire que j’ai ouvert les pages de ce
roman dont la dédicace est : « À la mémoire de
Raymond Chandler, Dashiel Hammett, James M. Cain et Ross MacDonald. »
Avec un tel hommage, je m’attendais à trouver un polar assez
classique, peut-être une histoire de privé reprenant les
stéréotypes du genre…
Si Bradbury joue avec
les thèmes les plus conventionnels du roman noir, impossible de
douter de la paternité de ce livre : c’est bien la même
encre que celle des Chroniques qui baigne d’une lueur
poético-fantastique cette histoire « d’assassinés par mort
naturelle… » En faisant de son enquêteur un jeune romancier
désargenté, l’auteur offre à son œuvre toute la démesure d’un
esprit imaginatif, capable de transformer le moindre souffle de vent
en présence fantomatique, le plus petit fait du hasard en
mystérieuse coïncidence. Et surtout, en faisant de ce dernier le
narrateur, il libère toute la fantaisie qu’on retrouve dans ses
autres textes et se permet une liberté d’écriture qui donne un
ton très différent de ce que l’on connaît dans ce genre de
bouquin.
Mais au-delà de l’ambiance
tout à fait particulière, presque gothique, de ce polar, c’est
l’excellence de la plume qu’il faut saluer. Et quand on pense que
lorsque Ray Bradbury a commencé à écrire, les romans de
genre (SF, policier…) étaient considérés comme de la
sous-littérature, et qu’aujourd’hui encore, aussi bien chez les
lecteurs que chez les auteurs, certains confondent élitisme et
exigence, il devient urgent de lire celui-ci, de relire les auteurs
mis en exergue dans la dédicace pour se rappeler qu’il n’y a pas
de petite littérature, et que des grands auteurs se cachent derrière
ce que d’autres pensent être de petites œuvres.
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